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  • : Choisissons notre consommation. Ne la subissons pas. Les associations de consommateurs ne font que défendre la société de consommation. « Consommer, consommer, toujours plus… » Au mépris de la qualité et de l’éducation qui mènent pourtant à la liberté de choisir et d’agir. Elles sont complices et nous envoie dans le mur. C’est un fait ! La société de consommation détruit le lien social, dévore l'environnement. Face au consumérisme, regroupons-nous !
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Ne la subissons pas

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 13:26

L’éléis de Guinée est une plante fabuleuse dans laquelle tout s’utilise. Pourtant, parmi tous ces sous-produits, il en est un qui se distingue et déclenche de très vives passions. La trop fameuse huile de palme. Présente dans nos placards, nos salles de bains, nos moteurs, nos magasins,… Partout. Elle a envahi notre vie sans que nous ne nous en émouvions outre mesure. Depuis plusieurs années pourtant, cette huile est au centre de bien des débats sur des questions de santé, d’environnement, de biodiversité, d’énergie, de carbone,… que de maux et que de mots pour une plante dont finalement, peu de monde connaît l’histoire. Histoire aussi fabuleuse qu’est indécent le destin que nous lui avons tracé.

 

Aussi loin qu’on puisse remonter, des traces de la présence de l’huile de palme ont été retrouvées dans une tombe d’Abydos en Égypte, sur des jarres vieilles de 5000 ans. On imagine facilement que si les Égyptiens l’utilisaient, il devait en être de même depuis bien longtemps dans sa région d’origine du Golfe de Guinée. Cette plante de la grande famille des palmiers poussait, et pousse encore, à l’état sauvage dans cette région. Elle a rapidement été adoptée par les habitants pour ses précieuses noix, ses amandes, ses coques, mais également pour ses feuilles, son stipe… Tout était utilisé. D’ailleurs, c’est toujours le cas dans certaines régions de Guinée, du Ghana, du Cameroun…

Cuisine, construction, cosmétique, pharmacologie… Tout s’utilise.

Le commerce de l’huile de palme pour sa part n’a été que très marginal pendant plusieurs siècles. Pourquoi en effet commercer un produit accessible quasiment à tous ? Un produit si naturel. Ce sera l’établissement de routes commerciales à destination de l’Europe qui mettra finalement l’huile de palme dans les rouages du commerce mondial par le biais des besoins de l’industrie du savon puis de la mécanisation. Les Britanniques, les Hollandais, mais aussi les Français et bien d’autres ont rapidement vu dans cette huile un intérêt fabuleux. L’histoire du port de Marseille, des savonneries et des huileries phocéennes, sont d’ailleurs intiment liés au commerce de cette huile de palme qui, depuis le XVIIème siècle n’a jamais cessé d’attisé les convoitises.

 Pourquoi elle ?

Cette huile, pour ne parler que d’elle, présente de nombreux avantages du fait de sa composition et avant ça de sa préparation, à partir de la pulpe de ses fruits. Avec un rendement sans comparaison, on peut produire environ 22kg d’huile à partir de 100kg de fruits. Le rendement de production de l’huile de palme est 8 fois supérieur à celui de l’huile de soja… Si on ajoute à cela une durée de vie des plantations de 25 à 30 ans et 2 récoltes par an, on comprend tout l’intérêt commercial de cette huile miraculeuse. Riche en beta-carotène, elle est aussi riche en acide gras saturés. Les problèmes commencent là. Présente tout autour de nous, nous la consommons sans le savoir en grande quantité (environ 2kg par an et par personne en France), ce que nous ne faisions pas il y a encore quelques années… Et ce gras que nous consommons, partout, tout le temps, nous ne l’éliminons pas intégralement. Nous en stockons une partie dans notre corps. Semi-solide à température ambiante, l’huile de palme est un candidat idéal pour bien des préparations culinaires nécessitant une matière grasse tout en restant présentable. Pâtisseries, plats préparés, pâtes à tartiner (au chocolat par exemple), chips, margarine, céréales… L’huile de palme est partout. Officiellement ou pas. Souvent elle se cache derrière la simple mention d’huile végétale.

La cosmétique est également une grande consommatrice d’huile de palme. Tout comme l’industrie automobile qui l’envisage avec avidité. Un agrocarburant à l’heure où les substituts au pétrole deviennent un besoin et plus uniquement une lubie. Cette huile a envahi notre vie. À notre insu.

 

Aujourd’hui, il importe de changer notre fusil d’épaule. Songeons que la production d’huile de palme a été multipliée par plus de 26 quand le blé croissait en production d’un facteur 2,7. Le blé nous a nourris. Pas certain que l’on puisse en dire autant de l’huile de palme. En terme de surfaces, en 50 ans, c’est l’équivalent d’une île comme Cuba qui a été défrichée et plantée d’Eléis de Guinée. En Indonésie, cette déforestation provoquerait 4% des émissions mondiales annuelles de gaz carbonique. La perte de biodiversité du fait de cette production effrénée est affolante. Orang-outangs, tigres de Sumatra, rhinocéros de Sumatra, siamangs, gibbons…. Tous sons menacés. Tout comme sont menacés également les populations expropriées et les cours d’eau dans lesquels sont rejetés, sans réelles précaution les effluents des usines de transformation. Loin des yeux.

 

 

Cette huile est extraordinaire. C’est bien ce qui la rend si dangereuse.

Elle aurait pourtant pu avoir un autre destin

Son histoire est aussi fabuleuse que son utilisation est démesurée. L’huile de palme a intégré les rouages de l’industrie de l’agro-alimentaire, de la cosmétique, des détergents, des agrocarburants… Et cela n’a été possible qu’avec une production sûre et maitrisée. Calculée et mise en place dans un schéma d’industrialisation implacable. Prédateur. L’histoire s’est conjuguée de manière démesurée, mettant à profit les expériences pour amplifier, toujours plus la soif de conquête et de production. La soif de toujours plus.

 

Dès la fin du XIXème siècle, l’huile de palme fut introduite en Malaisie. Simple plante ornementale. Un palmier. Quelques années plus tard, sa culture industrielle allait pourtant commencer. Les témoignages historiques attestent largement de la rapide évolution de ces plantations. Le souvenir et le modèle de la Compagnies de Indes Néerlandaise allait participer à la formidable aventure de cette exploitation en Indonésie et en Malaisie. 

Pendant ce temps, sur son territoire originel du golfe de Guinée, les européens se livraient des luttes commerciales à coup de prédation de territoires colonisés pour la gloire des métropoles.

                   

La compagnie des Indes Néerlandaises
La marine hollandaise du XVIème siècle a permis le développement d’une puissance maritime et commerciale de premier plan. La Compagnie des Indes Néerlandaises a parfaitement incarné cette puissance en devenant la première entreprise d’envergure mondiale. Elle a dominé le monde du commerce international et avait une puissance phénoménale, inaugurant sûrement le lobbying et les pressions de l'oligarchie financière. Amsterdam était alors la capitale du commerce mondiale. Admirée et enviée. Berceau de culture, promoteur d’une élévation inédite du niveau de vie de tous. Sources et ressources du financement de bien des projets économiques. Sa puissance déclinera ensuite, parallèlement à la perte d’influence des Pays-Bas puis, à la fin du XVIIIème siècle, les campagnes napoléoniennes viendront achever définitivement son emprise déjà largement déclinante. Le modèle était pourtant là. Bien des compagnies tireront profit de ce modèle, parfaitement inédit depuis plusieurs siècles.

 

Dans ce contexte, l’éléis de Guinée suscita un intérêt évident, quoique les colons ne s’en emparèrent pas tous en même temps. Au cœur d’intérêt politique, certains dirigeants européens conclurent des accords commerciaux ou encore des concessions d’exploitations. L’histoire de l’industriel anglais Lever profitera largement de ces opportunités commerciales au travers d’une convention avec le Congo belge, alors propriété personnelle du Roi de Belgique. Cet intérêt bouleversa les sociétés avec notamment le développement du commerce pour fournir aux travailleurs de l’huile de palme les biens dont ils auraient besoin, ou encore par le biais d’échanges accentués entre certaines régions pratiquant jusqu’alors peu d’échanges. L’huile de palme contribua même à la transition imposée à juste titre par l’abolition de l’esclavage en proposant un contexte économique exploitable, et donc générant des ressources.
Et puis arriva la Première Guerre mondiale et les projets, les infrastructures et les productions d’Afrique de l’Ouest périclitèrent très rapidement au profit d’un bien funeste dessein. Pendant ce temps toutefois, les levées de fond colossales et les investissements des Hollandais en Malaisie et en Indonésie avaient permis d’implanter une industrie pérenne de production d’huile de palme. En 1929, les Indes Néerlandaises produisaient déjà 14% de l’huile de palme. Les vastes territoires, les relations commerciales stables et l’appât du gain finiraient alors le travail.

Plus à l’ouest, la situation ne s’améliora pas. L’outil industriel fut quasiment délaissé ou, au mieux entretenu dans une torpeur absolument pas propice au développement. La Seconde Guerre mondiale acheva de briser les perspectives. Après guerre, le Nigéria fut bien, brièvement, le leader mondial incontesté de la production d’huile de palme. Mais, dans un contexte géopolitique et local en rupture, il fut dépassé et réduit, aujourd’hui relégué, comme l’ensemble des pays du Golf de Guinée, au rang de spectateur du triomphe de la Malaisie et Indonésie. Ces deux pays se partagent aujourd’hui 85% du marché mondial et continuent de développer leur production devant des opportunités extraordinaires (et notamment les agrocarburants). Ils ont multiplié leur production par 7 en 20 ans. Cette course effrénée, stimulée par une demande croissante, les mènent aujourd’hui à investir dans des terres hors de leur propres frontières. Des terres notamment situé dans le Golf de Guinée… La boucle est bouclée.

Quasiment un siècle s’est écoulé et la production revient dans son berceau originel. Un siècle qui aura vu le Golfe de Guinée rater une fabuleuse aventure. Trop de bâtons dans les roues. Trop d’incertitudes. Trop de conflits. L’huile de palme aurait pu connaitre un destin tout autre, bénéficiant aux populations et au développement ouest africain. Il n’en fut rien.

Et demain, que fera t’on de l’huile de palme ?

Devant l’évidence d’une demande croissance et d’une production galopante, ONG, industriels, producteurs, utilisateurs ont décidé de se réunir et de discuter ensemble dans le cadre de la RSPO. Table ronde internationale spécifiquement dédiée à la production d’huile de palme responsable, elle s’est emparée notamment de l’organisation des modes de production. Cette table ronde peut être saluée pour l’initiative de concertation qu’elle représente.

D’un autre côté, face au gigantisme de la production et des ressources financières générées, l’appât du gain a souvent raison des projets de sauvegarde de l’environnement, d’amélioration des conditions de travail et de préservation de la biodiversité. L’histoire nous l’a souvent enseigné. Les évolutions se font ainsi très lentement, à grands coups de compromis.

Cette huile est une véritable poule aux œufs d’or. Sa production et son commerce ont été parfaitement mis en place et sont extrêmement profitables aux trois acteurs majeurs que sont l’Indonésie, la Malaisie et les Pays-Bas. Les deux premiers sont les deux plus grands producteurs et, de fait, maitrise largement l’économie ainsi mise en place. Ils la maitrisent en collaboration étroite avec les Pays-Bas qui, bien que ne produisant pas la moindre goute sur son territoire, est un intermédiaire majeure du commerce à l’échelle mondiale. Sur le modèle du commerce international installé par la Compagnie des Indes Néerlandaises, les Pays-Bas ont trouvé une nouvelle poule aux œufs d’or.

 

D’autres en revanche sont complètement passés à côté de ce marché et subissent le marché, comme c’est le cas des pays du Golfe de Guinée (hormis la Côte d’Ivoire). Producteurs, intermédiaires, acheteurs. Le marché profite à très peu mais impactent tout le monde. La France est, par exemple un assez mauvais élève sur ce marché parmi le panel des pays européens. Gros importateur mais petit intermédiaire. Faut-il s’en réjouir ? Ce n’est pas certain. La France a progressivement orienté ses importations depuis ces anciennes colonies vers le trio de pays dominant le marché. Elle a ainsi laissé passé la possibilité d'une coopération durable environnementalement et socialement au profit de simple intérêt économique. Pauvre développement durable...

Il aurait été possible d’engager une véritable voie de coopération et de développement. Et de produire dans des conditions environnementales, sociales et économiques durables.

Demain, et même après demain, malgré tous les garde-fous mis en place, la demande est si forte qu’il y a très peu de chances pour que la tendance s’inverse. Et ce n’est pas le nouvel Eldorado de la substitution des produits pétroliers qui ferra changer les choses.

 

Il reste pourtant des évidences tels que, les trop importantes quantités d’huile de palme que nous consommons dans notre alimentation. Il y a un réel intérêt de santé publique à réduire son utilisation. Et à le faire savoir.

 

L’huile de palme est un très bon indicateur de la santé de notre époque. Elle révèle nos difficultés à envisager un problème alors que nous en connaissons les enjeux. Biodiversité, gaz à effet de serre, santé publique et même géopolitique. Son histoire colle à celle de notre époque. Pour combien de temps encore… Affaire à suivre. Une chose est certaine cependant, le poids de cette industrie pèse terriblement lourd face aux impératif du développement durable. Seule la communauté internationale, fermement engagée, pourra maitriser la dévastation sanitaire, environnementales et sociale en cours.

 

Nous, consommateurs responsables, invitons chacun à éviter d'achetter les produtis contenant cette huile ou ceux contenant de l'huile végétale (qui, bien souvent, est en réalité de l'huile de palme qui n'ose pas dire son nom). Cette démarche citoyenne sera un message fort adressé aux producteurs. Lisez les étiquettes !

 

Si vous avez des remarques, des exemples, des critiques à nous faire, n’hésitez pas ! Et, bien entendu, n’oubliez pas de rejoindre notre combat. Il importe que nous soyons nombreux, réunis et fédéré pour mener à bien notre combat pour une consommation responsable. Rejoignez-nous !


Contact : consommateurs.responsables@gmail.com

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commentaires

F
Tres belle analise.et merci pr l'histoire.cependant que proposez-vous comme substitut a l'huile de palme? Et ces substituts sont-ils a la portee de tout le monde? Je veux dire meme des foyer a faible revenu?
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